Notre petite Zéla a rejoint le paradis des ânes ce 26 août 2022. Merci à ses parrains/marraines pour leur aide.
Arrivée en janvier 2010, son âge avait été largement sous-estimé. Depuis quelques années, ses tables dentaires étaient lisses ce qui correspondait à un âne de plus de 30 ans.
Zéla a donc partagé la vie du refuge pendant plus de 12 ans. Et pourtant, personne n’y croyait à son arrivée. Elle détient le record du temps passé dans la quarantaine (4 mois) tant son état était préoccupant.
Elle avait été utilisée pour l’élevage intensif dans le Limbourg. Nous avions été contactés par la personne qui avait décidé d’acheter son ânon. Ce dernier nous avait expliqué que « l’éleveur » a proposé de lui amener l’ânon avec sa mère puisqu’il n’était âgé que d’un mois et donc non sevré. Une fois sur place, il lui a annoncé qu’il ne reprendrait pas la mère par la suite. L’acheteur va très vite comprendre pourquoi. A peine arrivés tous les deux, il se rend compte que l’ânesse est particulièrement faible et se déplace très difficilement.
Il cherche donc de l’aide et s’adresse à nous. Face à la situation, le plus urgent était de permettre à l’ânon de grandir au côté de sa maman. Pour ce faire, nous avons donc conseillé le monsieur pour complémenter Zéla afin de la soutenir et de l’aider mais elle était à bout de force. Elle a été prise en charge par nos soins dès les six mois de l’ânon dans le but de pouvoir lui permettre de récupérer le plus rapidement possible.
Une fois au refuge, sa faiblesse était telle qu’elle ne savait pas se lever seule et ne pouvait pas tenir debout très longtemps. Une prise de sang a été faite dont les résultats étaient catastrophiques. Le vétérinaire était très pessimiste quant à sa remise sur pied. Un traitement a été mis en place ainsi qu’un régime alimentaire correct. Une fois debout, elle présentait une énorme boiterie au niveau de l’antérieur droit. C’est l’ostéopathe qui finit par trouver l’origine de cette boiterie. Des traces de cicatrices dans les tissus entre le sternum et l’épaule étaient palpables. Les muscles du poitrail sectionnés laissaient apparaître des épaules saillantes. Une échographie du poumon droit a été réalisée et a révélé qu’un tiers du poumon ne fonctionnait plus. Par déduction, il semble qu’un objet tranchant a dû rentrer entre l’épaule et le sternum, sectionnant les muscles du poitrail et endommageant le poumon. A force d’exercices, elle a par contre récupéré une mobilité correcte.
Une fois qu’elle a pu quitter la quarantaine, elle a rejoint la grande prairie avec le troupeau et a enfin pu profiter de la vie.
Zéla était très indépendante et n’appréciait pas toujours la présence des humains autour d’elle. Vu son passé, nous ne pouvions pas lui en vouloir. Au fil du temps, elle a appris à nous faire confiance et pouvais même parfois se montrer câline.
Avec l’âge, sa motricité est devenue moins bonne et elle a rejoint le groupe des ânes souffrant de handicaps. Ces derniers mois, elle déclinait très fort (plus souvent couchée, appétit capricieux…) mais son caractère de battante était toujours bien là. Elle a, dès son arrivée, bénéficié de séances d’ostéopathie et, sur la fin, également de shiatsu et reiki.
Jusqu’au matin du 25 août, où j’ai appelé la vétérinaire, en urgence, car Zéla transpirait abondamment, elle tournait sur elle-même puis tombait, la fréquence respiratoire et le rythme cardiaque étaient très élevés. Après auscultation, elle a conclu à un AVC. Elle lui a administré un baxter pour la réhydrater, un traitement pour soutenir le cœur et de la cortisone. Avec le traitement, son état s’est stabilisé mais elle refusait de manger malgré tous les choix de menus proposés. Même les feuilles de noisetier dont elle raffolait habituellement la laissaient indifférente.
Le lendemain, dans l’après-midi, son état s’est aggravé. Elle marchait de manière incontrôlée et n’évaluait plus les distances, elle ne réagissait plus à la voix, son regard était éteint. Marcel, bien qu’aveugle, a très vite ressenti que sa copine s’en allait. Après avoir passé un petit moment auprès d’elle, j’ai fait appel à la vétérinaire qui a confirmé mon ressenti. Malgré le traitement, elle refusait toujours de boire et de manger, son état s’était fortement détérioré et montrait clairement une fin de vie. Nous l’avons donc entourée et aidée à partir dignement. Pendant tout ce temps, Marcel est resté juste derrière nous, complètement stoïque, lui qui se promène en général beaucoup et aisément dans son espace connu et sécurisé. Ensuite, les autres ânes du groupe sont venus le rejoindre et dire au revoir à Zéla. C’est toujours un moment à la fois émouvant et difficile mais c’est vraiment essentiel pour les autres pensionnaires qui ont partagé sa vie durant de longues années.
Repose en paix, petite Zéla… Tu vas nous manquer mais, malgré ton lourd passé, nous sommes heureux d’avoir pu t’offrir plus de 12 ans de tranquillité et de bien-être.
Muriel