Prunelle

 


Prunelle est une ânesse grise arrivée au refuge le vendredi 7 février.  Son propriétaire avait contacté le refuge car il devenait trop âgé pour s’en occuper.  Née chez son propriétaire, il ne savait plus très bien son âge.  Elle a été évaluée à environ 25 ans.  Lorsque nous nous sommes rendus sur place, nous avons été effrayés par son état de maigreur.   Nous n’avions encore jamais accueilli à ce jour un âne aussi maigre, elle était cachectique.  Avec juste la peau sur les os, elle était encore plus mal que les ânes saisis début janvier par le SPF Bien-être animal.  Elle se trouvait à l’arrière d’une maison et n’était donc pas visible de la route.  C’est avec beaucoup de peine qu’elle est arrivée jusqu’au van.  En plus de l’état lamentable de ses pieds, ses déplacements étaient lents et pénibles en raison de sa faiblesse générale.
Lorsque j’ai demandé des explications au propriétaire, il m’a répondu que le maréchal-ferrant passait régulièrement mais qu’il ne savait rien faire de plus au niveau des pieds à cause d’une ancienne fourbure !  Quant à sa maigreur extrême, elle était due, d’après son vétérinaire, à un état de déprime !  C’est si facile de ne pas chercher…
Heureusement, le trajet vers le refuge n’était pas long.  Un quart d’heure plus tard, elle pouvait se coucher sur un bon lit de paille.  Elle n’avait pas d’appétit et tirait un brin de foin à la fois qu’elle avalait avec difficulté.  Un gros problème dentaire semblait évident.  J’ai donc appelé le jour même Véronique, notre dentiste équin, qui a gentiment accepté de venir dès le lendemain.  L’état de sa dentition était catastrophique et de toute évidence la douleur rendait toute mastication très pénible.
En raison de sa faiblesse, toute anesthésie, même légère, était très risquée et la décision dans l’urgence a été d’extraire une des molaires déjà en partie déchaussée afin d’enlever au moins cette dent très douloureuse qui, à chaque mastication, rentrait dans les chairs.  Les surdents ont également été limées.  Par contre, il aurait idéalement fallu extraire deux autres molaires dont l’une d’elle était fracturée mais il a été décidé d’attendre qu’elle reprenne un peu pour pouvoir intervenir de manière plus « confortable » pour elle.   
En plus du foin, elle était complémentée en grains mais les quantités qu’elle arrivait à absorber sur 24 heures restaient très faibles.  Nous avons donc essayé toutes sortes d’aliments présents dans le commerce dont des aliments à mélanger à de l’eau tiède spécifiques pour les vieux équidés mais elle n’avait pas plus d’appétit pour ces derniers.
Notre maréchal-ferrant est intervenu rapidement aussi afin de pouvoir soulager ses pieds et de lui permettre de tenir un peu plus longtemps debout.  Elle se couchait très souvent et elle avait besoin de notre aide pour se lever car elle n’y parvenait pas seule.
Françoise, notre vétérinaire, avait trouvé une pâte de vitamines/minéraux à donner à la seringue afin de l’aider à reprendre le dessus.  Elle a également fait une prise de sang dont les résultats étaient catastrophiques (le taux de protéines et l’albumine étaient très faibles, gros problème d’inflammation, foie très mauvais…).  Le pronostic n’était pas bon du tout mais j’ai voulu continuer à y croire.    
La deuxième intervention au niveau de ses dents a été décidée avec l’espoir que ça lui permette de manger à nouveau correctement.  Les deux molaires dont celle fracturée ont été extraites mais notre dentiste a découvert quelque chose de très étrange.  Au fond du palais, il y avait un trou.  Il semblait ancien car en partie nécrosé et tout à fait indolore pour elle.  Par contre, ce trou donnait dans le larynx ce qui ne l’aidait en rien non plus pour manger. 
La journée, Prunelle sortait dans le jardin afin de pouvoir profiter des belles journées ensoleillées et surtout d’une bonne herbe.  Même si elle mangeait de très petites quantités, son moral était meilleur.
Les jours se suivaient et ne se ressemblaient pas.  C’était fort déroutant.  Un jour, elle donnait l’impression d’être mieux et mangeait avec appétit des orties coupées légèrement fanées au soleil et le lendemain c’était nettement moins bien.  Elle restait toujours très faible.
Et puis, le samedi 29 mars, elle a fortement décliné en début d’après-midi.  Debout, elle ne pouvait plus tenir seule.  Ses membres s’étaient raidis et elle souffrait de spasmes.  Je suis restée à ses côtés en attendant notre vétérinaire qui est venue lui administrer un antidouleur mais il était clair qu’il fallait prendre une décision pour lui éviter bien des souffrances.  Même s’il était évident pour moi à ce stade que la seule chose que l’on pouvait encore faire pour elle était de l’aider à partir, elle s’est éteinte peu de temps après, apaisée par l’antidouleur administré.  Elle m’a donc ôté de la conscience le poids de cette décision toujours difficile à vivre.
Nous garderons le souvenir d’une petite ânesse très douce et affectueuse.  En faisant le point avec les vétérinaires et les bénévoles sur son bref passage dans notre refuge, force est de constater que, malgré tous nos efforts, elle était déjà trop faible pour arriver à remonter la pente.  L’état de sa bouche l’empêchait clairement de s’alimenter correctement et… depuis quand, au vu des importantes carences dont elle souffrait à son arrivée. 
La seule chose positive est que, depuis son arrivée et jusqu’à son dernier souffle, elle a été très entourée et choyée.  Tout le monde a pris soin d’elle.  Elle était d’ailleurs très reconnaissante et émettait un petit braiment faible à chacune de nos arrivées. 
Une fois de plus, encore une victime innocente de la bêtise humaine !

     

notre Dentiste équin vétérinaire - Véronique Delvaux

est très vite venue s'occuper des dents de Prunelle
 

 

 

 

     
    Et voici un aperçu de l'état des pieds de Prunelle, c'est un amour d'ânesse. Nous faisons tout pour qu'elle se rétablisse rapidement ..... après le passage très rapide de notre Dentiste équin vétérinaire - Véronique Delvaux ce sera au tour de Vincent, le maréchal-ferrant de se mettre au boulot
les bénévoles utilisent toutes leurs ressources pour soutenir au mieux cette adorable ânesse en détresse.
Ici Catherine lui fait un massage shiatsu au niveau des oreilles
   
     

Malgré tous nos bons soins, Prunelle est partie aux paradis des ânes ce samedi 29 mars 2014 après-midi.